Parmi 20 000 espèces d’abeilles présentes dans le monde, Apis mellifera est la plus répandue et celle que l’on connaît le mieux. Mais, comme ses cousines sauvages, elle est menacée de déclin. Evaluer ce phénomène, en comprendre les causes s’apparente à un vrai casse-tête pour la recherche et est un enjeu pour nos sociétés dont l’alimentation dépend pour une bonne partie de la pollinisation des plantes à fleurs.

 

Les abeilles, super-pollinisatrices…

Ce sont des pollinisatrices hors pair en raison, tout d’abord, de leur morphologie, car toutes les abeilles ont des poils branchus sur le corps, et c’est d’ailleurs ce qui les différencient des guêpes. Ces poils leur permettent de transporter des quantités considérables de pollen dans leur toison et ce pollen conserve longtemps sa viabilité. En raison ensuite de leur régime alimentaire, exclusivement constitué de nectar, leur source de sucre, et de pollen, leur source de protéines, lipides, vitamines et éléments minéraux. En raison enfin de leur comportement de butinage car une abeille visite prioritairement une seule espèce végétale lors d’un voyage, ce qui améliore considérablement l’efficacité du transport du pollen. 

Ainsi, le dépôt sur les stigmates de pollen à la fois abondant et d’origines variées offre un plus grand choix de gamètes mâles lors de la fécondation et favorise l’évolution des plantes.

Parmi les abeilles, les meilleures pollinisatrices sont les abeilles sauvages à langue longue, caractéristique qui facilite leur accès au nectar et qui conditionne en partie leur préférence pour certaines fleurs. La plupart de ces abeilles sauvages sont des espèces solitaires dont les populations sont très variables, ainsi l’avantage numérique revient à leurs cousines domestiques qui vivent en colonies.

Pour une seule ruche, on peut en effet compter 60 000 individus dont en moyenne un tiers de butineuses qui visitent chaque jour des centaines de fleurs. De plus, celles-ci butinent non seulement pour leurs propres besoins mais pour la colonie entière, sur un rayon d’action qui atteint dix à douze kilomètres.

 

Etudier l’ensemble des pollinisateurs

« Les scientifiques s’intéressent à l’ensemble de la faune pollinisatrice, dans sa diversité », explique Bernard Vaissière, spécialiste de la pollinisation des cultures au sein du laboratoire Abeilles et environnement de l’Inrae. « Nos études portent sur les abeilles en général, pas seulement sur les abeilles domestiques. Il existe en effet 1 000 espèces d’abeilles sauvages en France, qui toutes interviennent dans la pollinisation et interagissent entre elles. Il peut y avoir complémentarité entre différents groupes de pollinisateurs plus ou moins généralistes, leurs comportements de butinage peuvent changer en fonction des situations de cohabitation, des relations de substitution peuvent aussi se créer. C’est cet ensemble qu’il faut étudier ! »

En effet, la cohabitation de plusieurs espèces de pollinisateurs, par exemple abeilles sauvages et abeilles domestiques, peut se traduire par une pollinisation plus efficace. Cela s’explique par une complémentarité entre leurs comportements de butinage et par la compétition qui stimule la mobilité des individus entre les plantes. Dans le cas de la production de semence hybride de tournesols, la présence d’abeilles sauvages améliore ainsi jusqu’à cinq fois l’efficacité pollinisatrice des abeilles domestiques. A l’exception de certaines relations exclusives, la majorité des pollinisateurs visitent plusieurs espèces végétales. Et réciproquement, une espèce de plante est généralement pollinisée par plusieurs espèces de pollinisateurs.

Mais dans certaines régions, il ne reste pratiquement plus du tout d’abeilles domestiques et l’on ne sait que très peu de choses sur l’évolution des populations d’abeilles sauvages.

 

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